Il était une fois une femme, une
vieille petite fille désespérée quittant pour toujours le domicile conjugal
avec sa voiture pleine à craquer de sculptures et d’outils, de blocs de béton
cellulaire et de trésors inutiles, bouts de tissus et vieux journaux, boutons
en bois et sacs de billes, baguettes magiques et Licornes Merveilleuses , trente ans de rêves qu’elle avait empilés
d’abord avec prudence puis, gagnée par
la peur viscérale de ne plus avoir la force de partir, avec une impatience
frénétique.
Il était une fois une sculpture
en terre, une jument nommée Pénélope se retrouvant au sommet de cette
invraisemblable pile de rêves dont elle était la dernière-née.
La femme et la jument roulaient
vers la Dordogne, vers leur nouvelle vie,
l’une pleurant tout en conduisant, et l’autre tanguant sur le sommet de
la pile.
C’est sur une aire d’autoroute où
elles s’étaient arrêtées pour se reposer que se produisit le drame : la
femme ouvrit le coffre de sa voiture, et Pénélope la jument, mal calée, tomba
violemment sur le macadam.
La femme aussi tomba, à genoux,
devant Pénélope à terre qu’elle n’osait pas regarder, persuadée qu’elle s’était
brisée en mille morceaux, et un énorme chagrin la submergea, car Pénélope était
sa Préférée, plus qu’une sculpture : le concentré de tous ses rêves.
Mais, miracle ! Pénélope n’avait rien, juste un petit bout
d’oreille cassé qui fut recollé quelques jours plus tard.
Alors ce jour-là, j’ai promis à ma douce Pénélope l’immortalité du
Bronze, et je l’ai faite mouler, pour être sûre de ne plus la perdre.
Maintenant elle trône dans mon
atelier sur une étagère, mais elle a définitivement perdu son oreille
gauche !
Noizette
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