Aussi loin que je remonte dans mes souvenirs, le quotidien m'a toujours affreusement ennuyée.
A 8 ans déjà j'étais épouvantée, désespérée, terrassée par la banalité de l'existence. Je voulais être romancière, pour me laisser transporter par la musique des mots; ou écuyère, pour m'enfuir très loin des humains, grisée par le galop de mon Cheval Noir. Ou mourir.
On m'a longuement expliqué que c'était impossible, qu'il ne fallait pas rêver. Que la couleur de la vie, c'est le gris. Que je m’habituerais, qu'il fallait que je m'habitue. Qu'il y avait des normes à respecter, des choses à faire et d'autres à ne pas faire –par exemple, porter une jupe rouge avec des chaussures vertes.
Mais je n'ai jamais cessé de rêver, et toutes les nuits de ma vie, dans le silence et la solitude, j'ai continué à galoper inlassablement sur mon cheval noir. Dans mon coeur de petite fille, puis de jeune fille, puis de jeune femme, puis de femme, qui refusait de grandir et d’abdiquer, la révolte n'a jamais cessé de gronder.
Alors, comme je ne pouvais parler de ça à personne, un jour j'ai commencé à sculpter le monde, à ma façon. Je voulais donner vie à mes rêves; et je leur ai fabriqué une planète:
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