mardi 3 janvier 2012

Artistes besogneux

On me demande souvent pourquoi je n'organise plus de stages. Alors voilà la réponse:

Ce matin, j'ai reçu une lettre recommandée de la CIPAV - caisse de retraite des professions libérales-  me réclamant la somme de 348 €, et me menaçant, faute de règlement sous 30 jours, de recouvrement par voie d'huissier. Je revenais justement de la poste, où je m'étais rendue pour expédier un chèque de 125 € à cette même caisse,concernant une autre période comptable.

Certes, ces sommes n'ont rien de colossal. Néanmoins les payer me fait vomir. Car ce qui est colossal, c'est l'injustice qui règne dans le monde artistique. 

Savez-vous pourquoi je me suis retrouvée affiliée à la caisse des professions libérales? tout simplement parce que j'ai eu un jour le malheur de déclarer à la Maison des Artistes les maigres bénéfices provenant des stages que j'organisais alors dans mon atelier. En effet, un artiste n'a pas le droit de gagner plus d'argent en faisant des stages qu'en vendant ses oeuvres. Ainsi est faite la loi. Il n'est plus alors considéré comme un "pur et dur", mais comme un "formateur", pouark la honte !!!!

Je ne vais pas m'étaler, mais aller directement à la conclusion: j'ai donc cessé mon activité "honteuse" de "formatrice" et je n'organise plus de stages. Pourquoi continuer une activité si peu lucrative, dont les bénéfices ridicules sont aussitôt reversés à une caisse de retraite impitoyable, activité qui néanmoins  nécessite d'avoir un atelier correct, un équipement adéquat, des stocks de fournitures coûteuses -pierre, argile, grillage, limes, ciseaux, rifloirs, colle, etc, sans parler de la comptabilité cauchemardesque ! 

Je sais que le monde actuel n'en a plus rien à foutre des artistes besogneux. Le monde a bien d'autres chats à fouetter. Pourtant ces mêmes artistes besogneux il y a bien longtemps ont décoré les grottes de Lascaux, qui aujourd'hui  remplissent les caisses du Périgord, Terre de l'Homme et du Foie Gras. Certains d'entre eux, ayant vécu dans la misère et le mépris, engraissent maintenant des générations d'héritiers. J'essaie de calmer ma colère en me disant que j'ai encore de la chance, dans ce monde de merde, d'être bien nourrie, au chaud, à l'abri, et en bonne santé. Mais vous ne m'empêcherez pas d'avoir la haine. Laissez-moi au moins ça,  puisque je n'ai plus ni atelier, ni stagiaires, ni certitudes. Et bientôt, si le poison du découragement continue à s'infiltrer sournoisement dans mon âme, je n'aurai même plus l'envie de poursuivre la mission qui m'a été assignée par la Mère Nature: accoucher de mes rêves. 

Un galeriste cynique a dit un jour: "un bon artiste est un artiste mort".

Bonne année quand même.

jeudi 22 décembre 2011

Amandine ou Le chemin de Compostelle, suite



A un moment donné, on sent qu'il faut s'arrêter.

Soit, parce que tout est dit.








Soit, parce que, certes tout n'est pas dit, mais on est conscient d'avoir atteint ses propres limites.








Alors on décide que c'est fini et on nettoie ses outils.





mardi 20 décembre 2011

Introduction de mon manuel de sculpture

J'ai écrit cette introduction il y a six ans, je ne sais plus exactement. Mais si je devais l'écrire aujourd'hui, au lieu de dire:
...."Parce qu’il faut  grimper,  toujours grimper, vers le feu qui dévore, vers la lumière qui aveugle, vers l’amour qui déchire, à  la recherche des étoiles, de l’impossible perfection, de l’éternité."  
Je dirais ceci:
....Parce qu'il faut avancer, toujours avancer, vers le feu,  qui nous réchauffe, vers la lumière, qui nous guide, vers l' Amour, qui panse nos plaies. 


Car aujourd'hui, l'idée de me faire dévorer, d'être déchirée et aveuglée, me glace le sang !



"Nietsche a dit : « deviens ce que tu es ».
Je suis : sculpteur autodidacte.

Pour devenir ce que je suis, il a fallu combattre ce que j’étais - ce qu’on avait voulu me faire croire que j’étais, ce qu'on avait voulu que je sois. Et ce combat de l’orchidée contre l’ortie m’a pris cinquante ans.
Mais ce n’est pas du temps perdu ; ce qu’on apprend tout seul, avec rage, haine, fureur, passion, désespoir, acharnement,  à contre courant du quotidien, sous l’œil sceptique d’un entourage qui vous prend pour une dingue parce que vous avez la tête tournée vers le ciel, vers l’étoile invisible qui vous guide, vers la petite lumière tremblante loin là-bas au bout du tunnel,  tout ce que vous apprenez de cette façon, vous donne une force inébranlable.

vendredi 9 décembre 2011

Exposition en cours

J'expose quelques pièces à MARSEILLE, au centre Le Phocéa, 14, Bd Ganay, jusqu'au 16 janvier 2012.

Voir l'itinéraire dans Google maps



Afficher Centre le Phocéa sur une carte plus grande



Amandine, évidage

Amandine, 3 jours plus tard.......


On ouvre la tête quand l'argile est suffisamment ferme à l'extérieur mais encore molle à l'intérieur, on l'évide, puis on enduit les bords de barbotine et  on  recolle soigneusement le tout
.... et on continue son travail

mardi 6 décembre 2011

Amandine, astuce


Eh eh eh, j'ai enfin trouvé une astuce pour vérifier les proportions de ma tête de femme, qui pour l'instant ressemble à Belphégor (pauvre Amandine !): il suffit de lui mettre des lunettes ! je vérifie ainsi l'emplacement des yeux, la largeur du crâne et la position des oreilles ! yes ! je suis sauvée !

vendredi 25 novembre 2011

Tu en vis ?????

La question qu'on me pose fréquemment: vous en vivez ?
Normal, nous somme entrés dans une ère de décadence, où la seule valeur est le fric.
Sous-entendu, si tu n'en vis pas, tu n'es pas une artiste.
Savez-vous que de son vivant, Van Gogh n'a vendu qu'un seul tableau ?
Je n'ai rien à rajouter. Message terminé.

Art, comme Ego ?

Mes stagiaires me manquent. S'il n'est pas partagé, l' art n'est que masturbation cérébrale, auto-satisfaction, contemplation égocentrique.

Pour moi, l'art est un outil de libération des sentiments, un moyen d'éviter l'implosion. La vraie mission de "l'artiste", c'est de guider les autres, ceux qui souffrent -et quelle que soit la légitimité de leur souffrance- vers leur jardin secret. Trop de gens meurent à petit feu sous la pression sociale et familiale.

lundi 21 novembre 2011

Epurer

Petite explication pour les habitués de mon précédent site, qui  avait 72 pages. Ce blog n'en contiendra plus que 20, parce que je ne veux y mettre que l'essentiel. 


Quand j'ai vidé ma maison de Dordogne,  j'ai jeté dans le container "gravas" de la déchetterie de Sarlat des sculptures médiocres, que je ne voulais plus voir, et vous ne pouvez pas imaginer le bien que ça fait à la tête !

dimanche 20 novembre 2011

Deuxième Vie, fin.

Hiver 2010/2011. Je n'ai plus envie de rien. Mes sculptures ne sont plus que matières mortes, et en les contemplant, je me demande, à quoi ça sert tout ça, c'est tellement dérisoire, quel stupide orgueil m'a poussée ? J'étouffe au milieu d'elles, leur présence immobile et silencieuse, inutile et froide, rend ma solitude encore plus pénible. Je sens bien que ma deuxième vie est en train de s' achever. Je sais aussi que pour renaître, il faut savoir d'abord mourir.



Heureusement, une commande m'occupe quelques temps, et me met un peu de baume au coeur. Des gens adorables et chaleureux qui veulent "caresser un petit chat en pierre de Dordogne, les jours de cafard à Paris".  Mais, malheureusement, des gens comme eux, il n'y en a pas beaucoup. 

Le travail de la pierre, c'est la rigueur. C'est comme la vie. Tu ne peux pas refaire le chemin.  


Et puis, te voilà enfin mon Amour, toi qui reviens, après 25 ans d'absence, 25 ans d'errance, miracle, et c'est l'été, la moisson du bonheur. La Troisième Vie qui commence. Et mes mains pétrissent la terre, avec autant de bonheur qu'elles pétrissent ton corps. 





samedi 19 novembre 2011

Troisième vie

Après s'être cherchée, égarée, perdue, se retrouver, et revenir à l'essentiel, avec au centre de tout, la chose la plus importante de la vie, sans laquelle nous sommes misérables: l'amour.